IMMUNOLOGIE
COVID
SEROTHERAPIE
De nombreuses informations circulent sur cette malade, ce virus et les traitements.
Il est difficile de s'y retrouver et de comprendre tout cela.
Il faut déjà ne pas croire qu'un traitement miracle existe. Si il existait, il serait déjà généralisé.
De nombreux essais thérapeutiques sont en cours présentant des résultats très variables ce qui indique que pour l'instant, il n'y a malheureusement rien de probant.
On teste ainsi de nombreuses molécules antivirales déjà connues, des traitements visant à limiter des réactions inflammatoires non contrôlées et également de la sérothérapie.
Un petit point par rapport à la sérothérapie et d'autres traitements possibles (en toute modestie, ce n'est qu'un petit travail de lecture)
sérothérapie et
COVID19
Le virus SARS COV-2
est un virus de la famille des CORONAVIRUS.
Il s’agit de virus
à ARN. Leur patrimoine génétique est donc un simple brin d’ARN
protégé par une capside protéique elle même entourée par une
membrane plasmique qui est récupéré lorsque le virus se multiplie
dans une cellule infectée.
Les virus à ARN mute beaucoup. Il s'agit donc d'une famille de virus à évolution rapide ce qui explique l'apparition régulière de nouveaux virus et de nouvelles épidémies.
SRAS en 2003
MERS en 2012
COVID19 en 2019
DOCUMENT
1 :Sur
cette image, on découvre des coronavirus responsables de la maladie
Covid-19. Il s'agit des toutes premières images du virus SARS-CoV-2
isolé à partir des premiers patients pris en charge à l'Hôpital
Bichat Claude-Bernard (AP-HP) en janvier 2020.
Les
virus sont accrochés à des cellules épithéliales au niveau des
cils du pôle apical (pôle de la cellule tourné vers le milieu
extracellulaire). Pour les observer, les chercheurs de l’Inserm, du
CNRS, de l’université Claude Bernard Lyon 1 et de la startup
Signia Therapeutics ont reproduit les conditions d’infection dans
un épithélium respiratoire humain reconstitué. Les images ont été
obtenues par microscopie électronique à transmission au sein du
laboratoire VirPath au sein du Centre international de recherche en
infectiologie, avec l'appui de la plateforme CIQLE.
Crédits
photos : Manuel Rosa-Calatrava, Inserm ; Olivier Terrier, CNRS ;
Andrés Pizzorno, Signia Therapeutics ; Elisabeth Errazuriz-Cerda
UCBL1 CIQLE. VirPath (Centre international de recherche en
infectiologie Unité Inserm 1111 - UMR 5308 CNRS - ENS Lyon - UCBL1).
Colorisée par Noa Rosa C.
Sur cette image, on voit le virus se coller sur la membrane des cellules cibles. Cette fixation est permise par la reconnaissance de molécules cibles à la surface de ces cellules par les molécules de la membrane du virus qui lui donnent cet aspect en couronne (CORONA)
DOCUMENT
2 Structure
des coronavirus. A. Représentation
schématique d’une particule virale. L’enveloppe est formée des
protéines S (spike),
M et M’ (membranaires) et E (enveloppe). La nucléocapside (NC),
formée par l’ARN génomique associé à la protéine N, est
contenue dans la capside, elle-même entourée de
l’enveloppe. B. Structure
schématique de l’ARN génomique et des ARN subgénomiques d’un
coronavirus prototype. L’ARN génomique (brin +) code pour les
protéines d’enveloppe et de nucléocapside ainsi que pour la
réplicase, transcrite à partir de l’ORF (open
reading frame)
1a puis de l’ORF 1b par changement de phase de lecture. La
polyprotéine produite par l’ORF 1a/1b est ensuite protéolysée en
diverses protéines qui forment le complexe réplicatif. Les
protéines structurales S, M, N et E sont traduites à partir de la
première phase de lecture (en vert) des ARNm initiés en aval dans
la séquence génomique du coronavirus. À l’extrémité 5’ des
ARN, une séquence 5’-leader est
présente, identique à l’extrémité 5’ de l’ARN génomique
(boîte rouge). AAA = polyadénylation
Le coronavirus a donc une information génétique sous forme de simple brin d'ARN emballée dans une capside protéique elle même entourée par une membrane plasmique qui contient les protéines S permettant au virus de rentrer dans les cellules qu'ils infectent.
DOCUMENT
3 Cycle
infectieux d’un coronavirus. L’ensemble
du processus de réplication virale a lieu dans le cytoplasme. Après
interaction des protéines S avec des récepteurs cellulaires et
fusion membranaire, l’ARN génomique viral introduit dans le
cytoplasme donne naissance, par traduction, à la réplicase qui
porte l’activité polymérase. La polymérase permet la production
d’ARN génomique et d’ARNm codant pour les différentes protéines
structurales du coronavirus. L’ARN génomique s’associe à la
protéine N pour former la nucléocapside. Les particules virales
sont assemblées et excrétées de la cellule via le
réticulum endoplasmique rugueux (RER) et dans l’appareil de Golgi.
La séquence 5’-leader
à l’extrémité
5’ des ARN est représentée en rouge. AAA: polyadénylation
La multiplication du virus se déroule donc dans la cytoplasme de la cellule infectée.
Son ARN est traduit permettant de produire une enzyme la replicase qui va copier de nombreuses copies de l'ARN viral soit pour produire de nouveaux virus (ARN génomique) ou les protéines du virus (ARN messager)
DOCUMENT
4 :
L’ARN
du nouveau coronavirus est très proche des coronavirus liés au SARS
retrouvé dans les chauves-souris Rhinolophus
sinicus,
identique à 89% pour les nucléotides du virus bat-SL-CoVZC45. Le
1er coronavirus
SRAS avait été identifié dans cette espèce à HongKong en 2005.
L'autre problème des CORONAVIRUS vient du fait qu'ils peuvent passer d'une espèce à une autre et muter encore plus.
Le Coronavirus du SRAS en 2003 était passé de la Chauve Souris à l'Homme via la Civette.
Le Coronavirus du MERS en 2009 était passé de la Chauve Souris à l'Homme via le Dromadaire.
Le Coronavirus du CODID19 semble être passé de la Chauve_Souris à l'Homme via le Pangolin.
Le contact avec des animaux vivants en particulier sauvages dans les marchés est donc à fortement limiter.
DOCUMENT
5 : entrée du CORONAVIRUS
L'entrée du virus est permise par la reconnaissance de cible mambranaire. C'est le cas du récepteur ACE2 .
Ce récepteur est présent aussi sur les cellules cardiaques ce qui peut expliquer les complications cardiovasculaires de certains patients.
ACE2 pourrait être une cible pour un traitement mais cette molécule est indispensable au bon fonctionnement de l'organisme on ne peut donc pas facilement agir dessus.
DOCUMENT 6 : Temporal Changes of Cycle Threshold Value, Pao2/Fio2,
SOFA Score, and Body Temperature in Patients Receiving Convalescent
Plasma Transfusion
A .
Nombre de cycle de PCR pour détecter le virus (40 indétectable)
B.
Score SOFA (état de sévérité de la maladie)
C.
O2 passant dans le sang par rapport à l’O2 inspiré (efficacité
des poumons)
D.
Température coporelle
A,
Change in cycle threshold (Ct) value in nasopharyngeal swabs of
infected patients at day 0, day 3, day 7, and day 12 after the plasma
transfusion. A Ct value of 40 was defined as undetectable. B, Change
in Sequential Organ Failure Assessment (SOFA) score of the patients
with convalescent plasma treatment (range 0-24, with higher scores
indicating more severe illness; see footnote to Table 2 for more
complete definition). C, Change in Pao2/Fio2 ratio
of the treated patients from day 0 to day 12 after treatment. D,
Change in body temperature of the 5 patients following plasma
transfusion.
Dans un essai thérapeutique récent, un traitement utilisant le plasma de patients guéris sur
5 patients fait disparaitre le virus, diminue la sévérité des troubles, améliore l'oxygénation de l'organisme et fait baisser la fièvre.
Ces résultats sont très préliminaires mais montre une voie possible de traitement sans avoir un effet "extraordinaire".
L'objectif de ce type de traitement est de bloquer l'infection et de détruire les virus libres par les Anticorps contenus dans le plasma.
DOCUMENT
7 : Aspects cliniques
Vous
noterez que les patients sont toujours traités avec des antiviraux
(lopanavir, ritonavir, interferon alpha1b favipiravir car ces
antiviraux ont des effets sur la charge virale (en tout cas in vitro)
Et surtout, on ne teste pas un traitement nouveau chez des personnes malades en arrêtant tout traitement.
Enfin, il n'y a pas de groupe contrôle (patients ayant reçu seulement le traitement classique) et le nombre de patients est très petit. (5)
DOCUMENT
8 : Effets des antiviraux
Comme vous pouvez le voir les antiviraux, la chloroquine et ses dérivés font disparaitre le virus in vitro.Mais ce qui se passe dans une boite de culture est très différent de ce qui se passe dans un organisme et les antiviraux n'ont jamais un tel effet in vivo. C'est ce qu'illustre l'image suivante.
DOCUMENT 9: tableaux de données sur les patients traités par sérothérapie
Les données sur les patients montrent que la sérothérapie diminue fortement l'inflammation (baisse de l'Interleukine 6, de la protéine C réactive par exemple). Agir sur une surréaction inflammatoire pourrait donc être une cible.
CONCLUSION
Connaître le virus, son mode d'entrée, de multiplication, ses conséquences sur l'organisme permet d'imaginer des cibles thérapeutiques.
-agir sur sa multiplication (antiviraux)
- bloquer son entrée (effet possible de la sérothérapie,...)
- limiter une sur réaction inflammatoire (traitement contre l'IL6 en essai,...)
Pour l'instant aucun essai ne semble avoir montré un effet important. Les essais sont toujours en cours et on aura peut-être de nouveaux résultats. Mais il ne faut pas s'attendre à des miracles rapides même si tout va très vite.
Reste en cours également la mise au point d'un vaccin.
Références :
INSERM
DOCUMENT
1
Médecine
Sciences
DOCUMENTS
2 et 3
DOCUMENTS
4, 5 et 8
JAMA. 2020 Mar
27. doi: 10.1001/jama.2020.4783.
Treatment
of 5 Critically Ill Patients With COVID-19 With
Convalescent Plasma.
DOCUMENTS :
6, 7, 9